Tu ne m’aimes pas comme moi je voudrais que tu m’aimes
- Stefany

- 3 oct.
- 7 min de lecture
La lune est la mémoire affective de nos histoires d'amour

Aimé et être aimé en retour… n’est-ce pas ce que nous désirons le plus au monde ? Car qui sommes-nous sans amour ?
L’ amour est une nourriture aussi essentielle que l’air ou l’eau. Sans lui, nous survivons peut-être, mais nous ne vivons pas vraiment. Il transcende notre existence et nous élève au-delà de la simple survie. Nous ne pouvons nous construire que dans le regard de l’autre et c'est souvent par le couple que notre besoin prend forme, rejouant notre tout premier attachement. Cette empreinte maternelle se projette dans la dynamique relationnelle avec le partenaire. C’est ce fil lunaire que je souhaite tirer avec vous.
Tout cela nous renvoie aux choix du partenaire. Pourquoi sommes-nous attirés par une personne plutôt qu’une autre ? Il est vrai que l’attirance passe souvent par le physique, mais derrière, un certain nombre de paramètres entrent en jeu. Un tempérament, un charisme, ou tout simplement un charme magnétique, des paroles douces et rassurantes, de l’humour, du romantisme… Est-il artiste, professeur, avocat, comptable, commercial, carriériste ou papa poule ? Autant de nuances qui viennent exacerber notre Vénus, celle du plaisir et du désir, qui éveillent nos attentes affectives lunaires. Cette première rencontre, qu’elle prenne la forme d’un rencard, d’un flirt ou d’une aventure sexuelle, porte toujours une part de magie alchimique. C’est la pulsion archaïque de Vénus qui s’exprime sous le regard de la grande prêtresse de la nuit, la Lune. Lorsque la connexion est établie, on entre dans le conte de l’enfance : « Il était une fois un prince qui rencontra une belle et enchanteresse Vénus… » Le reste est votre histoire, celle qui mène vers le fameux « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ».
Comme chacun le sait, le conte est toujours plus difficile à écrire qu’il n’y paraît. Derrière la magie du falling in love se cache le quotidien, nettement moins glamour. C’est à ce moment-là que la mémoire affective reprend le dessus, réactivant les empreintes de notre premier lien, celui avec la mère.
Ne décrochez pas parce que je vous parle de votre mère ! Quand je parle de votre mère, je parle de votre Lune et des liens qu’elle entretient avec vos archétypes premiers, que ce soit Jupiter, Saturne ou Pluton.
La Lune joue toujours ce double rôle, celui de la représentation maternelle et la clé de notre sécurité émotionnelle. En signe elle reflète aussi bien cette perception que nous avons de notre mère que notre façon de prendre soin de l’autre. Pour un homme, il décrit l’archétype féminin qu’il recherche inconsciemment. Pour une femme, il éclaire son rapport à ses émotions, à son intimité et à la maternité. C’est le conditionnement de notre quête pour trouver notre refuge intérieur, celui de notre sécurité et notre confort. Ce sont eux qui vont dessiner notre façon de vivre le quotidien en couple. Pour cela, nous sommes souvent conduits vers certains domaines de vie, indiqués par la maison où se trouve notre Lune. C’est là où, finalement, nous sommes plus attentifs et sensibles aux besoins de l’autre. Ce sont aussi ces lieux où nous nous laissons plus facilement influencer, où nous imitons notre entourage et répétons des schémas ancestraux pour rester dans la cohérence de l’archétype familial. C’est l’espace des images secrètes qui nous murmurent de ne pas trahir les attentes, les valeurs et les critères familiaux ou culturels, sous peine de décevoir.
Pourtant, ce qui donne toute sa saveur à un cœur qui bat pour l’amour, c’est le lien que la Lune tisse avec les autres convives de notre thème. Explosif, sensoriel, rage, passion, émotion, fusion, à la vie à la mort : autant d’ingrédients qui pimentent la relation et se consument dans le secret de l’intimité lunaire. « Tu m’aimes, mais pas comme je voudrais être aimée. » Cette blessure incandescente nous consume de l’intérieur, trace d’un lien fusionnel entravé avec la mère. On crie, on hurle au désespoir, comme Shakespeare savait si bien le mettre en scène, pour retrouver un instant ce regard perdu dans l’enfance.
La gestation nous a offert une fusion originelle, unique, après laquelle, sans en avoir conscience, nous courons toute notre vie. Une course parfois gourmande, à la recherche d’un partenaire capable de nous redonner cette union, que l’on croit revivre dans l’acte sexuel. Comme le disait Freud, pardon à ses réfractaires, c’est dans ce moment orgasmique que la passion devient ce substitut fragile d’un paradis originel, où la Lune peut enfin être apaisée et rassasiée. Parfois, il est vrai qu'elle reste inassouvie, condamnant l’amour à répéter indéfiniment le manque premier. Toutefois, il faut être conscient que ce paradigme reste fragile notamment quand la Lune et Vénus sont en conflit. Alors la quête effrénée de fusion peut vite se voir éteinte dans la confusion entre l’amour maternel et l’amour érotique. La personne tant désirée devient la madone qu’on ne peut plus approcher. C’est une véritable scission entre madone et prostituée qui prend la forme d’un combat pour réconcilier les deux faces d’une même pièce. Séduction, beauté, gloire amoureuse deviennent des chapelets à curé, lourds de comparaisons et de compétitions, un produit rejeté en bloc par l’édifice sacré du grand Moi. Cette tension, au féminin, se rejoue dans la rivalité : la mère perçue comme plus belle, plus élégante, plus séduisante, et l’impression lancinante de ne jamais être à la hauteur. L’ombre de cette comparaison s’étend sur les relations ultérieures, nourrissant jalousies et insatisfactions. Certaines craignent de perdre leur attrait en devenant mères, d’autres s’enferment dans la maternité en étouffant Vénus. Pas facile !
Où trouver cette réconciliation ? Peut-être dans l’expression, car l’amour est aussi langage, celui de l’ego qui cherche à penser son existence dans le lien à l’autre. Pourtant, là encore, des écueils surgissent. Écoute-moi quand je te parle. Non, tu ne m’entends pas, tu ne me comprends pas. N’est-ce pas là le langage de Mercure qui rejoue les pleurs de l’enfant que la mère n’entendait pas ? » Lorsque la Lune et Mercure se heurtent, les mots jaillissent comme des cris étouffés, jamais vraiment perçus. Indicible, l’ego meurtri se bat dans un lien où il se sent rabaissé. Alors, heureux l’amoureux qui communique avec la sagesse de son Mercure bleu. Plus heureux encore celui qui a reconnu et apaisé l’enfant qui criait en lui. Peut-il maintenant affirmer pour autant, « je t’aime, moi non plus ? »
Peut-être si la Lune et Mars se rencontrent. Là, c’est un langage dynamique, une contradiction brute entre le besoin de sécurité de la Lune et l’envie viscérale de liberté de Mars. Entre aimer et se battre, fusionner et se mesurer, c’est toujours une histoire de forces qui finissent par se réconcilier sur l’oreiller. Très tendance, mais aussi coûteux quand on y laisse la vaisselle brisée ou qu’on double les logements pour protéger son espace vital. Le problème de ce scénario, c’est qu’on finit toujours par accuser l’autre de nous étouffer, alors qu’il ne s’agit que d’une projection d’ego. Un fonctionnement amoureux qui rappelle l’écho d’une mère étouffante et obsédée par les règles, ou au contraire celle contre qui on a dû se battre pour exister. La relation prend alors le double visage du refuge et du champ de bataille.
Jusqu’alors, nous avons vu qu’une Lune en aspect difficile avec l’un des partenaires du thème avait du mal à assurer sa sécurité émotionnelle. Elle est ballottée entre désir, liberté et compréhension affective. Quand Jupiter et Saturne s’invitent dans le cercle de la discussion, la Lune exprime deux autres facettes du lien maternel.
Avec Jupiter, l’amour prend l’allure des montagnes russes. Accrochez-vous ! Ça secoue entre adoration et haine, entre vénération et trahison. C’est le petit train électrique qui tourne sans fin sur son circuit, rejouant un lien maternel instable. Pour autant, Jupiter apporte une immense capacité à rêver grand, à nourrir ses idéaux et à chercher dans le partenaire une expansion de soi. Dans un élan conscient, cette Lune peut alors s’ouvrir à la joie du partage et trouver confiance dans l’amour.
Avec Saturne, on change de décor. On est au bord d’un gouffre où l'on a beau crier, réclamer, seul l’écho revient. C’est le vide existentiel d’une mère absorbée par ses propres limites ou préoccupations, qui peine à répondre pleinement aux besoins affectifs de son enfant. Celui-ci chute et s’épuise à prouver qu’il est digne d’amour, jusqu’à croire qu’il ne l’est pas. Et lorsqu’on lui offre cet amour, il ne parvient plus à le reconnaître. Alors où trouver l’amour tant attendu ? Derrière les fruits de la frustration, il y a la patience et l’endurance de celui qui accepte de prendre un chemin plus long. Car c’est en bâtissant pierre après pierre qu’il découvre enfin sa propre valeur et devient digne de l’amour qu’il reçoit.
La blessure du lien d’attachement de l’enfant à sa mère résonne jusque dans ses amours d’adulte. Selon la qualité de ce lien, qui façonne notre manière d’aimer, la Lune peut offrir le refuge d’un foyer sécurisant ou, au contraire, jeter dans l’instabilité de relations qui ne comblent pas.
De là naît la complexité des liens affectifs, comme l’insécurité permanente d’une Lune en aspect à Uranus : issue d’une mère instable, imprévisible, toujours sur le point de disparaître, on devient à son tour changeant et insaisissable, en quête d’une autonomie absolue. C’est justement ce qui peut apporter un souffle dans le couple si on joue carte sur table en reconnaissant son besoin.
À l’inverse, la Lune teintée de Neptune ne manque pas de présence mais de contours. Le lien maternel devient si flou que l’ego se dissout dans l’autre. On vit pour l’autre en s’oubliant soi-même ; c’est le désir de ne faire plus qu’un qui domine, jusqu’à transformer la relation en dévotion sacrificielle. « Tes sentiments sont les miens, je t’appartiens. Toi et moi, nous sommes un. » C’est transcendant, mais rarement nourrissant. L’amour se perd alors dans une brume sans forme, jusqu’à une dissolution complète de soi. Pourtant, ce désir de communion peut-être une source d’inspiration et d’amour compassionnel, si on prend conscience de ses propres limites.
À l’opposé, l’ombre de Pluton vous confronte à des questions de survie. Ici, l’héritage générationnel pèse de tout son poids sur la relation à la mère. La Lune-Pluton garde la mémoire d’une insécurité viscérale, d’un amour mêlé de peur, qui conduit à revivre dans le couple des cycles de destruction et de renaissance. La relation est d’une telle intensité qu’elle devient « À la vie à la mort ». On peut d’ailleurs se sentir comme « avalé » par l’autre autant que par l’ombre maternelle. Cela dit, c’est aussi l’occasion d’une transmutation, car en prenant conscience de ce qui se joue dans l’ombre des secrets on peut réinventer un lien affectif plus libre et authentique.
Vivre sa Lune, c’est vivre l’amour d’une manière singulière, qui ne demande qu’à se révéler. « Tu ne m’aimes pas comme moi je voudrais que tu m’aimes »… Ce cri n’appartient pas à l’adulte, mais à l’enfant en nous qui attend toujours sa mère. L’amour ne répare pas, il révèle. Et c’est en reconnaissant ce manque que naît la liberté d’aimer, celle de dire enfin : Je t’aime, et je me sens aimé.
Stefany








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