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Dragon et Lilith

  • Photo du rédacteur: Stefany Astro-Psychologue
    Stefany Astro-Psychologue
  • 11 févr.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 5 heures

Incohérence temporelle ou langage universel ?


Lilith face à Rahu et Ketu
Lilith face à Rahu et Ketu

En explorant la mythologie indienne, je suis tombée sur un passage fragmentaire du Ve siècle de l’astrologie védique. Louis Renou en propose une traduction qui éclaire la vision védique de cette époque que je vous propose de lire avec attention :


Les formes invisibles du temps s'appellent : conjonction, apside et nœud. Attachées à ces formes par des cordes d'air, les planètes sont tirées à hue et à dia, en avant et en arrière, selon la proximité vers le point du ciel qui est le leur. Un vent protecteur les pousse vers leurs propres apex. Ainsi tirées, elles vont, d'un mouvement diversifié. L'apex, sis dans la mi-orbite avant de la planète, la tire en avant ; placé dans la mi-orbite postérieure, il la tire vers l'arrière. Tirées vers l'avant, c'est l'excès, proprement le gain. Tirées vers l'arrière, c'est la dette. De toute façon, c'est la quantité qu'il faut adjoindre par excès ou par défaut à leurs mouvements apparents pour obtenir les mouvements réels. Quant au nœud lunaire (Rahu, le démon qui dévore l'astre), c'est lui qui, de son propre élan, fait dévier, en latitude, la Lune et les autres planètes vers le nord ou vers le sud – suivant qu'il est situé dans la mi-orbite postérieure (vers le nord) ou la mi-orbite avant (vers le sud). Exception pour Mars et Mercure : quand le nœud occupe ces mêmes positions par rapport à leur conjonction, ces deux planètes deviennent, comme il a été dit, par suite de l'attraction qu'exerce le nœud sur la conjonction. Ainsi sont tirées, au fil des planètes, par les divinités-forces : conjonction, apside, nœud. Alors elles se meuvent, battues par le vent, dans le firmament, sur le cercle des Astérismes.


Il soulève une question très intéressante sur la pertinence symbolique du Dragon et, par extension, celle de Lilith. Ces points fictifs sont-ils une réalité astronomique ou la survivance de mythes perdus dans le fil du temps ?

Ce texte décrit trois formes : la conjonction, l’apside et le nœud. Dans ce contexte, elles représentent des positions ou configurations astronomiques investies d’un rôle symbolique. La conjonction, bien qu’étant un alignement réel (notamment avec le Soleil), est ici considérée comme une « forme invisible du temps », au même titre que l’apside et le nœud. L’apside correspond aux deux extrêmes d’une orbite par rapport à la distance au corps attracteur : le périapside et l’apoapside. Quant au nœud lunaire, il désigne le point de rencontre entre l’écliptique et l’orbite de la Lune à mi-orbite.

Dans la cosmologie indienne, les noeuds sont incarnés par des divinités-forces. Rahu, la tête du Dragon issue du mythe du Barattage de l’Océan de Lait, qui dévore le Soleil ou la Lune lors des éclipses et impose un changement de cap. Ketu, la queue, symbolise la séparation, la dissolution, la fin d’un cycle. Ce que ce texte nous révèle, c’est qu'un mouvement planétaire vers l’avant peut symboliser un excès, car son mouvement est amplifié, produisant un “gain” ; En revanche, tiré vers l’arrière, il représenterait une “dette”, exprimée par un ralentissement, une retenue, une étape à solder avant de poursuivre son but.

Paul Roussel, astrologue dans les années 1950, rapproche cette logique de l’astrologie occidentale, où Caput et Cauda Draconis sont l’équivalent de Rahu et Ketu. Mais il pousse plus loin le parallèle en suggérant que l’apside védique citée dans le fragment pourrait correspondre, en Occident, à Lilith/Lune Noire, placée au point d’apogée lunaire. Par extension symbolique, il avance que l’apside, comme l’apex, devrait posséder un point opposé qu’il nomme Coptu et Cadru, introduisant ainsi un concept nouveau : une « Lilith mâle » et une « Lilith femelle ».

Alors, comment expliquer qu’au Ve siècle, les sages indiens aient déjà décrit des états célestes — nœud, apside, conjonction — avec une précision symbolique et astronomique qui résonne jusque dans notre astrologie actuelle ?


Quand Lilith et Dragon se rencontrent


Rappelons qu’historiquement, Lilith a été intégrée à notre astrologie au XVIIᵉ siècle grâce à l’astrologue anglais Sépharial, qui scelle le destin de Lilith à celui de la Lune Noire. Cette association trouve son origine dans l’hypothèse de l’astronome hambourgeois Georg Waltermath, qui pensait avoir découvert une deuxième lune invisible, supposée sombre. Plus tard, Pierre Victor Maurice Rougier identifie la Lune Noire comme le deuxième foyer de l’orbite elliptique de la Lune autour de la Terre. C’est à ce moment seulement que la Lune Noire prend sa place dans la lecture d’un thème, une place qu’occupait déjà l’apside dans le fragment védique. Faut-il y voir la survivance d’une transmission ancienne, un archétype universel, ou la simple conséquence d’un ciel observé par tous ? Quoi qu’il en soit, ces “divinités-forces” ne sont pas de simples témoins passifs puisqu’elles agissent sur le mouvement planétaire. Elles poussent, tirent, amplifient ou freinent, inscrivant un langage qui va traverser les siècles et les cultures.


Revenons sur la notion d’apside ! En théorie, la Lune Noire pourrait posséder, en vis-à-vis, un point vide opposé à son deuxième foyer. Il permettrait ainsi de créer une polarité qui ouvrirait une compréhension nouvelle du mouvement cyclique : aller vers ce point complémentaire, c’est engager une marche dynamique, quitter ses anciens paradigmes pour tendre vers un point d’absolue vérité de soi.


C’est ainsi que la boucle est bouclée : les réalités astronomiques deviennent des échos mythiques. Leur présence récurrente à travers les cultures laisse entendre que nous parlons ici un langage universel, inscrit aussi bien dans le ciel que dans notre conscience profonde.


Stefany

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